Extrait 2 : Marais sanglant

« Tel un chien de chasse, Liam huma l’air pourri du bayou, attiré par un parfum irrésistible.

— D’où ça vient ? se demanda-t-il, excité par cette fragrance si suave et capiteuse qu’elle l’écœura presque.

Il accéléra. Ses épaisses griffes raclaient l’argile et le bois qui émergeaient ici et là de l’eau verdâtre. Incapable de réfléchir, seulement mû par un instinct bestial, celui du monstre qui l’habitait et qui lui dictait chacune de ses actions, il reconnut cette odeur. C’était celle du sang. Celle d’un sang bien particulier. Bientôt, sa présence se fit plus forte et tenace. Il reconnut la marque de la pourriture, de la vermine. Celle de l’Aura noire.

Liam stoppa soudain tout mouvement. Fondu dans les ombres, uniquement trahi par la lumière bleue émanant de ses yeux et des tatouages dans sa chair, il observa, trépignant d’impatience.

Une dizaine de cabanes sur pilotis, bâties contre le tronc d’immenses cyprès, semblaient vouloir se dissimuler à sa vue. Réprimant un frisson, il examina les pontons de fortune qui les reliaient. Il scruta les terrasses complètement décrépies, les torches éteintes et les toits à demi effondrés, envahis par la végétation moribonde des marécages. Tout à coup, un mouvement révéla une présence. Il y avait bel et bien quelqu’un ici, malgré le silence assourdissant. Alors, il se rua en avant. »

Chapitre 18 – Marais sanglant