Extrait 1 : D’ombre et d’argent

Sur le parvis de la gare, Liam huma l’air humide. Un épais brouillard recouvrait la ville à un point tel qu’on n’y voyait pas à cinq mètres. Au bruit, on devinait néanmoins que le port grouillait d’activité malgré l’heure tardive. La lumière des calèches et des lampes à huile de baleine perçaient péniblement cette obscurité brumeuse, baignée par l’odeur des poissons fraîchement éviscérés et du crottin que laissaient les chevaux.
— Bon, se murmura-t-il afin de se donner un peu de courage. Allons-y.
​S’il avait gardé en mémoire une ville colorée et pleine de vie, le Donnel devenait à la nuit tombée un royaume étrange. Les bâtiments de bois et de pierre paraissaient l’observer. Dans les étroites venelles du centre-ville, les badauds ne faisaient que passer. S’ils s’attardaient un peu trop, on pouvait tout de suite penser qu’ils complotaient. Mais contre qui ? Contre quoi ? Peut-être contre ceux dont le visage ornait les innombrables avis de recherches placardés ici et là ? Il s’y arrêta d’ailleurs une minute, sans trop savoir pourquoi.

Chapitre 10 – D’ombre et d’argent